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En matière de santé, des échanges de coopération existent depuis bientôt 20 ans entre l’association ECHO (Echanges et Coopération internationale Hospitalière), basée à l’hôpital de Tulle, et le district de Koungheul, au plein cœur du Sénégal.


C’est là-bas,  sous une chaleur souvent accablante, que des têtes et des bras se sont relayés au fil des années et des disponibilités, pour soigner dans de bonnes conditions en construisant un poste de santé en brousse, en passe d’être achevé. Un travail réalisé bénévolement. La santé y a gagné. L’expérience humaine aussi. 

LA SANTÉ AU SÉNÉGAL


    Pour le gouvernement sénégalais, permettre l’accession à des soins de qualité pour ses 12,5 millions d’habitants, est une des priorités. L’OMS en a d’ailleurs fait un défi majeur. Mais si des efforts vont dans ce sens, la réalité est encore loin des velléités affichées. 50% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Les problèmes de nutrition, ceux de l’éducation, sont inséparables de ceux de la santé. D’autant plus que la population est très jeune. 44%  a moins de 15 ans. 64% a moins de 25 ans. 


     Il existe une forte morbidité et une mortalité importante liée aux maladies infectieuses et parasitaires et au poids des autres maladies chroniques. Le paludisme fait des ravages. Il est considéré comme un problème de santé publique important. La première cause de mortalité chez les femmes en âge de procréer est liée à des pathologies de la grossesse.

Des réformes de décentralisation se mettent en place, qui ne font pas toujours l’unanimité. Pourtant les effectifs médicaux, paramédicaux et techniques sont concentrés sur Dakar à 43%. Si le budget alloué à la santé a triplé en 20 ans, il reste insuffisant pour créer les postes nécessaires et améliorer les infrastructures. Celles-ci sont très hiérarchisées : les hôpitaux ont une vocation nationale ou régionale. Dans les départements, ce sont des centres de santé qui prodiguent les soins. Et dans les villages importants, les postes de santé.

 

LES FEMMES

    Pour de nombreuses  femmes dans les villages, l’existence se partage entre travaux domestiques et agricoles, corvée d’eau et de bois de chauffage, tout en assurant l’éducation des enfants.


    Les femmes y cumulent toutes les situations qui expliquent une mortalité maternelle élevée: mariées souvent à l’adolescence, leur croissance à peine achevée, enceintes précocement puis de plus en plus souvent jusqu’à épuisement de leur vie féconde  qui dure environ 20 ans. Certaines sont victimes de l’excision qui va perturber dès leurs plus jeunes années leur vie de jeune fille et de femmes.Les chiffres si élevés de mort maternelle traduisent les conditions économiques et sociales qui leur sont réservées.


    Les conditions de vie de la future mère vont entrainer aussi une fragilité et des risques pour la santé des enfants que l’on retrouve dans les statistiques élevées de mortalité infantile et infanto juvénile.

 

    Depuis 1995, l’association ECHO a centré son action sur le Centre de santé de Koungheul. De mieux en mieux équipé, 1000 enfants naissent à la maternité chaque année. Les parturientes y sont assistées par 4 sages-femmes et 3 matrones. Au bloc opératoire, interviennent deux médecins formés pour les soins obstétricaux d’urgence et une infirmière anesthésiste. D’autre part un médecin contractuel a été embauché récemment par le Comité de santé.  Les patients qui viennent consulter sont pris en charge dans différents services : médecine polyvalente, maternité, planning familial, pédiatrie, ophtalmologie, dentiste, radiologie, laboratoire d’analyses, … 20 lits accueillent les hospitalisations.


    A Koungheul, un  travail de collaboration efficace a été réalisé entre sénégalais et corréziens pour les soins, la prévention, le dépistage, la  formation, les conseils d’hygiène etc. Cette relation de confiance réciproque a permis d’aller plus loin et d’envisager la réalisation  d’un Poste de santé de brousse. Cette demande émanait du médecin chef du District. Elle  faisait suite aux mesures de décentralisation gouvernementales intégrant les communes rurales à la gestion des postes de santé, cherchant à rapprocher centres de soins et populations.

Le village de Taif n’avait jusque là qu’une case de santé désaffectée et les populations du secteur trop éloignées d’un autre poste de santé, c’est ce village qui fut choisi.

Actuellement 18 postes existent au niveau du District.


INITIATION DU PROJET


     

      A 60 km de Koungheul, à une heure de Ribot le Poste de santé le plus proche, le village de Taif lui-même compte environ 1000 habitants. Mais Taif, ce sont en fait 7000 personnes en comptant l’habitat dispersé en brousse. Isolées encore davantage à la saison des pluies de juin à Octobre. Les taxis-brousse ne « passent » pas toujours.



        Autour de sa mosquée et de son point d’eau récemment aménagé, Taif n’est pas un village pauvre à l’aune du Sénégal. Essentiellement agricole, le village dépend de la communauté rurale de Ribot qui compte 15 000 habitants. Son président est un parent proche du chef du village de Taif. C’est un personnage haut placé, proche du pouvoir. Un « opérateur en arachides ».



         D’ailleurs à Taif,  les habitants cultivent l’arachide et le mil qu’ils commercialisent, ainsi que tout ce qui assure leur subsistance. Anes, chèvres et poulets cohabitent sans problème. Les jeunes s’en vont pour tenter de trouver du travail en ville. Même s’ils reviennent aider les parents au moment des récoltes, l’exode rural est quasiment un passage obligé.

     


TAIF TIEKENE

    Taif a été créé par une famille, les Seck, qui sont toujours aux commandes. L’imam est des leurs et il défend les valeurs musulmanes traditionnelles. Le football y est interdit par exemple. L’école officielle en français a été rejetée et implantée dans un autre village à 5 km. Même traitement pour l’école franco-arabe.

     A Taif, les versets du Coran sont appris en arabe. Cette rigidité religieuse n’empêche pas une tradition d’accueil  envers les étrangers, à condition que ces derniers respectent les valeurs et la culture des habitants. 

LA CONSTRUCTION DU POSTE DE SANTE



      L’histoire de cette aventure débute en novembre 2010 et va durer près de quatre ans. Elle est née d’abord à la demande du district et de son médecin chef, mais n’aurait pu se réaliser sans la consultation de la population de Taif et de ses responsables. Pas plus que ce projet n’aurait pu aboutir sans les efforts conjoints de l’association ECHO, d’un formateur du Centre de Formation des Apprentis(CFA) de Tulle retraité du bâtiment, et de son responsable de secteur au niveau de la Région Limousin. Tous convaincus de la validité de cette réalisation portant la médecine auprès de populations isolées en brousse.

65000 euros auront été nécessaires pour venir à bout du chantier. La Région Limousin aura subventionné à hauteur de 30 000 euros.

     La construction se fit en trois étapes. D’abord le dispensaire proprement dit. Ce qui permit dès la fin de la première année, en septembre 2011,  l’installation d’un infirmier  diplômé de Dakar. Ismaela put travailler dans de bonnes conditions, recevant les malades et accueillant également des médecins français et des élèves infirmiers d’ECHO pour des moments d’échange de pratiques riches et chaleureux. Pendant ce temps le chantier continuait. Au programme, une véritable entité de soins, comprenant un dispensaire et une maternité.

         Des artisans sénégalais appuyés par des constructeurs corréziens se succédaient : le plus souvent des retraités du CFA touchant à tous les corps de métier.  Aidés par la population du village et par les apprentis des CFA du Limousin. Dans la formation initiale de ces jeunes ne figurait pas la construction de bâtiments en voutes nubiennes.  Ce fut une découverte que  cette méthode ancestrale remise au goût du jour au Burkina Faso par " l'association des voûtes nubiennes " et qui désormais essaime un peu partout. C’est au hasard de rencontres en France entre des membres d’ECHO et une association préconisant le développement de ces voûtes, que ce procédé fut choisi pour Taif. 

      Ce style de construction ne nécessite ni béton, ni bois, ni fer, ni tôle. Il est totalement naturel et économique, utilisant avant tout la terre de latérite. Des centaines de brouettées de terre de termitières furent charriées par les villageois, rémunérés par les instances locales. De même  pour les seaux d’eau servant à humidifier la terre et transportés par les femmes sur des charrettes tirées par les ânes. A la main, des milliers de briques prirent corps en séchant sous le soleil qui fit office de four.


           Avant d’arriver au but, il y eut bien quelques périodes de découragement. Suite à une violente averse, une petite partie de la voûte d’un des bâtiments s’effondra. N’est pas « architecte en voute nubienne » qui veut ! Il fut alors décidé de faire appel à des maçons burkinabés pour le gros œuvre. Ces spécialistes tentèrent en vain de former des jeunes localement. Les ambitions de ces derniers se portaient plus vers les grandes villes, loin de la dépendance des familles. Par contre les jeunes apprentis de Tulle et de Limoges  resteront marqués par cette expérience professionnelle et humaine riche à tous points de vue. 

LA CONSTRUCTION EN VOUTES NUBIENNES

VOIR LA REACTION DES APPRENTIS

    Ismaela Kébé, jeune infirmier de Dakar, est entré  en fonction dans le nouveau poste de santé de Taïf Thiekène en 2011.


Trois ans après, que pense t-il de son travail, de la santé dans son pays et de l'avenir pour les plus jeunes ?

LE   DOCUMENTAIRE

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